Séjour sportif des élèves d'option escalade à Rodellar 2016
Un séjour inoubliable
Parcourir les canyons et les falaises de la Sierra de Guara en avril tenait de la gageure. Le printemps offre aux peintres et aux photographes ses plus belles teintes et l’eau des rios laisse miroiter des reflets d’une rare pureté. Mais que le soleil y brillât si généreusement n’était pas une certitude ! A cette époque de l’année, le silence de Rodellar – village du bout du monde – n’était pas troublé par les touristes tonitruants sous les grosses chaleurs estivales.
Mais l’eau cristalline des canyons grondait au fond des gorges avec une véhémence qui eût été plus qu’inquiétante sans la présence de guides aguerris, qui nous firent parcourir les méandres de leurs jardins secrets ou la verticalité improbable de leurs horizons de calcaires gris, rouges, ocres, bruns…
Pour nos jeunes sportifs, qui avaient patiemment acquis les notions essentielles et entraîné leur corps et leur esprit au sein du gymnase de Louis Armand, ce fut l’occasion d’en découdre avec les éléments ! Ils durent s’affubler des combinaisons néoprène pour affronter le bouillonnement des "estrechos", le tumulte des "marmites", le vertige des sauts, des journées entières à dix degrés dans l’onde menthe-à-l’eau ! Ils durent marcher sous le soleil déjà chaud, chargés du matériel d’escalade, pour gravir des voies de calcaire gris, déchiffrant les secrets dictés par le relief sibyllin pour atteindre les sommets. Il fallait oser s’engager en tête au-dessus des spits éloignés !
Ils durent enfin partager une vie collective contraignante, celle des refuges, où alpinistes et grimpeurs sacrifient leur confort, privilégiant leurs réalisations : dormir dans l’exiguïté des dortoirs, faire sa toilette dehors, se doucher – à l’eau chaude – une fois par jour pour préserver un environnement fragile, s’adapter aux contraintes des horaires des repas.
Personne, à aucun moment ne manifesta une quelconque réticence et c’est dans un esprit de camaraderie enthousiaste que cette vie commune se déroula, durant cette courte semaine d’une vie différente.
La vidéo du séjour réalisée par des élèves
Compte-rendu détaillé des actions réalisées
Canyons réalisés :
Le Formiga, le Balcès, le Petit Mascun + remontée du Barazil, la Virgen (canyon sec)
Secteurs d’escalade parcourus (dans le canyon du Mascun) :
La Fuente ; Ermita ; L’École ; Bikini ; El Meandro ; La Surgencia
Randonnée : « les belvédères » (balcons du Mascun).
Visite : la collégiale d’Alquezar
Atelier pédagogique : activités de pratique théâtrale et de mise en scène en extérieur : Dom Juan (œuvre au programme des premières) acte III ; sc.2, « la scène du pauvre ».
Gastronomie : menu traditionnel à la Casa Pardina d’Alquezar.
(Nous n’avons pas eu le temps de pratiquer la via ferrata)
Déroulement commun à toutes les journées
Contrairement à ce qui était noté sur le planning initial, nous avons dû nous adapter au mode de vie espagnol, et en particulier aux horaires : le petit déjeuner ne pouvant avoir lieu avant 9h00, les activités ne purent débuter qu’après, mais compte-tenu de la saison encore peu avancée, ce ne fut pas gênant. De la même manière, le dîner avait lieu à 21h00.
Pour les encadrants, chaque journée a été suivie d’une réunion de coordination de 1h30 à 2h00 entre les professeurs, les encadrants d’escalade et de canyoning, en fonction des contraintes météorologiques et de l’évaluation quotidienne des aptitudes des élèves pour former les groupes.
Lundi 25/04 :
Le voyage s’est déroulé comme prévu et sans encombre. Partis à 8h00, nous avons rejoint Rodellar à 20h00. Durant le trajet, les élèves se sont occupés soit à interpréter des chansons accompagnés des guitares qu’ils avaient apportées, soit à effectuer des lectures ou des révisions (encadrés par le professeur de Français) dans le cadre de la préparation de leur examen du Baccalauréat. A l’arrivée, ils ont procédé au transport du matériel et à l’installation dans le refuge.
Mardi 26/04 :
Deux groupes d’élèves sont partis effectuer le canyon du Formiga : météo idéale et eau limpide. Tout le monde s’est sorti brillamment du saut de 7 mètres !
Pour le groupe des grimpeurs, les prestations ont été à la hauteur : après avoir écumé le secteur des voies de l’Ermita, les élèves ont descendu le canyon sec de la Virgen avec rappels et oppositions sans se mouiller – trop – les pieds. Après quoi, ils ont repris l’escalade des voies du secteur Bikini.
Enfin, tout le monde a dîné, à l’heure espagnole !
Mercredi 27/04 :
(Nous avons répondu via le Padlet aux interrogations des parents, en précisant que leurs enfants ne disposaient ni du réseau, ni de suffisamment de Wi-Fi pour communiquer).
Deux nouveaux groupes sont partis pour le canyon du Balcès, particulièrement sportif et engagé à cette saison, tandis que le troisième s’est dirigé vers les secteurs d’escalade. Il a fait très beau.
Les réalisations en escalade ont été nombreuses : la plupart des élèves ont enchaîné des voies « en tête » du niveau 5 à 7b+. Le plus confirmé a réalisé « à vue » et dans l’après-midi un 7a+, un 7b et un 7b+.
En soirée, après que la douche a été prise, les élèves ont aspiré à un peu de repos car les activités étaient éprouvantes physiquement.
Des pluies conséquentes en fin de soirée ont provoqué des inquiétudes : la météo devenant moins clémente, les organisateurs ont cogité longtemps pour organiser les activités du lendemain en prévoyant des alternatives.
Jeudi 28/04 :
Après les craintes météo de la veille, nous avons finalement bénéficié d’une assez belle journée.
Deux groupes ont effectué le canyon du Petit Mascun, suivi d’une remontée du canyon du "Barazil. Après, un bivouac autour d’un feu (il fallait se réchauffer car la température de l’eau avoisinait les 10°), les deux groupes se sont scindés : l’un est redescendu par le même canyon pour rejoindre la randonnée du "Puente de las Cabras", l’autre a rejoint le village en empruntant un parcours de randonnée, passant par un col qui offrait une vue spectaculaire sur les formations géologiques. Les élèves ont eu l’occasion d’observer le fonctionnement de la station d’épuration écologique : ils ont pu aussi prendre la mesure des inconvénients entraînés par une urbanisation touristique peu en adéquation avec le milieu naturel, en effet, en aval de la station, un développement de végétation non endémique se développe sur un espace conséquent, venant perturber l’écosystème des canyons. Un élève s’est un peu tordu la cheville en séance escalade.
La journée s’est terminée par une séance de Français, au programme : des exercices de mise en scène théâtrale de l’A III ; sc. 2 de Dom Juan.
Vendredi 29/04 :
Grand beau temps sur la Sierra. Deux groupes sont partis en approfondissement escalade et l’autre en randonnée. Le retour était prévu à 13h30, le temps de commencer à ranger les affaires… Puis, nous avons suivi la visite guidée de la collégiale d’Alquezar (la traduction simultanée étant prise en charge par l’enseignant d’Espagnol).
Après un quartier libre dans le village, nous sommes allés déguster un menu traditionnel à La Casa Pardina dont l’accueil a été exceptionnel.
Samedi 30/04 :
A 8h00, nous avons repris la route. Au cours de la semaine, le professeur d’Espagnol avait demandé aux élèves d’observer durant leurs déplacements, un certain nombre de textes et de relever des expressions idiomatiques. Une évaluation orale de langue a été effectuée par les enseignants sous forme de concours durant le trajet de retour avec des lots pour les gagnants.
A 18h00, nous étions de retour au lycée.
Objectifs atteints :
Le projet intervenant à mi-parcours de leur cursus a permis d’ouvrir les perspectives des élèves sur une dimension nouvelle de l’activité : ils ont pris la mesure des contraintes inhérentes à la pratique en milieu naturel. Ils ont acquis les qualités indispensables en matière de maîtrise des indications météorologiques et géographiques, en lecture des documents-supports.
La formation qui leur a été prodiguée en matière de sécurité a, de ce point de vue été très efficace : il fallait que l’élève-grimpeur soit responsable de la vérification de l’état des équipements techniques en place sur le rocher naturel pour en évaluer la fiabilité et particulièrement en ce qui concerne les relais.
Sa prise de responsabilités s’exerce lors de la réalisation d’une voie, par la mise en œuvre des comportements envisageables : soit il faut savoir renoncer à temps à une voie jugée « exposée » ou hors de portée de son niveau de pratique (examen minutieux du topo-guide et intégration des notions de cotation) ; soit il faut savoir quelle manipulation technique effectuer face à une situation qui s’avère risquée en cours de réalisation (renforcement d’un relais par exemple).
Compétences sportives spécifiques s’inscrivant en cohérence avec ceux retenus dans les programmes d’EPS :
"L’objectif de l’enseignement d’option facultative est une approche spécialisée fondée sur la pratique approfondie des activités sportives,s’appuyant sur :
l’approfondissement du processus de préparation et de réalisation d’une performance dans une activité spécifique.
l’appropriation des compétences et des connaissances nécessaires pour pratiquer et s’entraîner de façon autonome sur une période longue. "
"La compétence attendue pour des élèves d’option EPS en escalade consiste à ce qu’ils sachent :
prévoir et conduire leurs déplacements de manière fluide et lucide selon des itinéraires variés en direction et en volume pour grimper en tête des voies de difficulté proche de 6 ou plus
assurer avec anticipation leur sécurité et celle d’autrui."
L’ensemble de ces objectifs fixés par les programmes a été largement atteint et les élèves ont pu mettre en pratique les notions acquises au cours de leur année de formation. Leurs capacités ont résulté d’un entraînement de qualité qui leur a permis de faire face à des situations physiquement éprouvantes – tant en canyon qu’en escalade – (en résistant à de longues marches d’approche, en portant le matériel, en restant entre 5 et 6 heures dans de l’eau à 10°).
Leur aptitude particulière en matière d’application des consignes leur a permis d’acquérir progressivement la technique du saut en canyon : ils ont tous sauté entre 6 et 14 mètres (pour les plus aguerris).
Le comportement des élèves a été absolument exemplaire, aucune mise en danger d’autrui n’a été constatée, les notions spécifiques à l’environnement de pleine nature (règles de sécurité, fonctionnement collectif, préparation physique et psychologique) ont été parfaitement maîtrisées.
Le niveau technique des voies réalisées a été globalement élevé : la plupart des élèves ayant réalisé des voies « proches du sixième degré » (plusieurs 6a & 6a+), voire davantage : réalisation « à vue » de voies de 7a+, 7b et 7b+.
– Dans une perspective d’orientation, les élèves ont été amenés à découvrir les métiers du sport en relation avec le milieu naturel : les parcours de formation ont été décrits par les professionnels et les contraintes spécifiques de ces emplois, en particulier la charge psychologique liée au maintien permanent de la sécurité des groupes ont été largement explicitées, ainsi que les enjeux écologiques et économiques qui conditionnent ces métiers.
Les conditions d’hébergement en refuge, l’utilisation parcimonieuse de l’eau, l’absence de réseaux de communication, de chauffage, n’ont pas posé de problème aux élèves, qui ont su s’adapter de manière exemplaire et dans l’enthousiasme. Les résultats très honorables obtenus aux épreuves anticipées de Français et aux TPE ont montré que les élèves pouvaient mener de front de manière rigoureuse les activités sportives et scolaires.
Remerciements
Nous remercions la Région de nous avoir subventionné.
Nous remercions M. Simonet, Proviseur du lycée Louis Armand Auguste Perret et les services d’intendance, Mme Faye, M. Pétreau, M. vacher, de nous avoir soutenus.
Nous remercions aussi les professionnels du canyoning, Sam et Nico Le sens de L’eau, et de l’escalade, Fred Gravité, pour leurs prestations de qualité inégalable, ainsi que les professeurs pour leur investissement : Mme Moutault, M.Barbier, M. Canaud, M. Ambrosi.
Nous remercions encore Nik, Libertad, Nuria, Christian du refuge du Kalandraka pour leur accueil chaleureux et la qualité de leurs services, ainsi qu’Ani du restaurant La Casa Pardina d’Alquezar.
Enfin, nous remercions les parents de nous avoir confié en toute confiance leurs enfants et bien entendu, les élèves dont l’investissement exemplaire justifie, à lui seul, la mise en place du projet.